Rencontre avec Fenaelle
- Il fait nuit noire dehors et Pandaemonium semble endormie. Clyford, ne trouvant pas le sommeil, décide donc d'entamer l'écriture de ses mémoires. -
Puisqu'il faut bien commencer par quelque chose, je préfère commencer par ce qui suivit ma retraite, ce qu'on ne retrouvera certainement pas dans les livres d'histoire...
Cela faisait dix ans déjà... Dix ans que je cherchais, dix ans que j’étais persuadé pourvoir parvenir à oublier, dix ans qu'ils m'avaient tout prit...
C'était justement pour célébrer les dix ans de cette triste soirée que je m'étais rendu à l'Appellbine ce soir là. Comme chaque soir, je buvais, bière après bière... Jusqu'à ce que Jeckrow, le tavernier ne me fasse quitter les lieux, aux alentours des deux heures du matin. J'étais dans un piètre état. Je n'eus d'ailleurs pas le temps de faire dix mètres que je me retrouvai par terre, la joue contre le sol.
Je pense avoir attendu au moins quinze minutes avant que quelqu'un ne cherche à savoir si j'allais bien. Il faut croire qu'il est plus facile de se moquer d'un homme à terre que de lui venir en aide. Je ne me rappelle pas très bien de cette soirée. Je me rappelle juste avoir aperçu une jeune femme. C'est cette jeune femme qui m'a emmené vers le temple du savoir après que j'eus réussi -non sans mal- à me relever.
Après cela, je n’ai plus souvenir de rien avant le lendemain. Je me suis réveillé dans une chambre qui semblait être celle de la jeune fille. C’était un endroit très ordonné. On pouvait y apercevoir des livres traitant de la magie divine et de ses bienfaits soigneusement empilés sur un bureau. J’y ai également aperçu une guitare posée dans un coin. Sur le bureau, il y avait un petit papier avec un mot écrit à la va-vite, en voici le contenu :
« Bonjour,
J’espère que vous allez mieux aujourd’hui, j’ai du rester éveillée toute la nuit pour vous maintenir en vie. Je suis partie ce matin pour suivre mes cours, ne faites pas de bêtise !
Fenaelle »
Je ne prêtai pas attention à ce que disait Fenaelle. Je n’en étais pas à mon premier coma éthylique et pour moi la mort n’aurait été qu’une délivrance à cette époque. Je repartis, lentement, pour me restaurer... J’étais plongé dans mes pensées quand soudain je remarquai une ombre qui semblait me suivre. Pensant qu’il s’agissait d’un malfaiteur, je me retournai l’épée à la main. Il s’agissait en fait d’un shugo, qui, je le pense, n’a toujours pas oublié la peur qu’il a eu ce jour là. C’était un livreur du zéphyr. Il me tendit une lettre, d’une main tremblante et les oreilles baissées.
Je n’eus pas le temps de le remercier qu’il avait déjà pris la fuite. Quelle ne fut pas ma stupeur en voyant le sceau de l’assemblée asmodienne qui refermait l’enveloppe. Sans le savoir, je m’apprêtais à lire la lettre qui allait redonner un sens à ma vie :
« Sir Clyford Blackwel,
Vous êtes prié de vous rendre au plus vite à l’assemblée asmodienne.
Cordialement. »
Rien qu’une phrase, une seule qui allait tout changer. Je me rendis immédiatement à l’assemblée asmodienne, curieux de savoir ce qui m’y attendait.
Une fois sur place l’homme qui dirigeait l’assemblée à cette époque (je n’arrive pas à me souvenir de son nom, je sais juste qu’il a laissé sa place aujourd’hui) se leva et dit qu’il m’attendait. Je me rappelle exactement de ce que nous avons dit ce jour là :
« - Mon cher Clyford, je sais bien que vous êtes à la retraite mais vous êtes de loin l’homme le plus qualifié pour remplir la mission que j’ai à vous confier, déclara le responsable de l’assemblée.
-Vous l’avez dit vous-même, je suis à la retraite. Trouvez un autre homme. Ai-je répondu, blasé et prêt à repartir.
-Laissez moi terminer avant de refuser ! reprit-il, si vous acceptez cette mission, vous serez rémunéré en conséquence, de plus nous avons retrouvé la trace du capitaine élyséen qui dirigeait l’opération menée chez vous il y a dix ans. Vous aurez droit de le questionner et de décider de son sort.
-Comment ?! Où est-il ?! Je veux le voir ! Lui faire payer !
J’étais dans un état de rage, je n’avais qu’une envie : faire payer à cet homme ce qu’il m’avait fait dix ans auparavant.
-Calmez-vous mon cher ! Vous pourrez le voir si vous acceptez la mission que j’ai à vous proposer, et cette fois, je vous le certifie, ce sera la dernière.
-Je vous écoute, répondis-je en essayant de rester calme.
-Nous avons trouvé une personne qui descendrait directement d’un clan ancien qui n’existe plus depuis plus d’un siècle.
-Venez-en au faits, déclarai-je impatient.
-J’y viens ! J’y viens ! Notre but est de reformer ce clan mais cela ne peut se faire sans la personne dont je vous ai parlé... Cependant, cette personne est encore trop jeune pour redonner vie à son clan, c’est pourquoi j’ai besoin d’un homme de confiance pour assurer sa protection contre les ennemis potentiels... Tiens, d’ailleurs la voilà. »
C’est alors qu’on entendit un bruit provenant de l’entrée de l’assemblée. Une jeune femme venait de tomber. Je me dirigeai vers elle en lui tendant une main pour l’aider à se relever.
« Bonjour, je m’appelle Clyford Blackwel, on m’a chargé de votre protection »
Elle saisit ma main et me sourit, comme si elle me connaissait.
« Bonjour ! Moi c’est Fenaelle !
-Enchanté, répondis-je souriant »
Son nom me disait quelque chose mais je n’ai pas tout de suite fait le rapprochement.
C’est ainsi que je l’ai rencontrée, elle qui, sans le savoir, allait redonner un sens à ma vie...